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Eaux en bouteille contaminées : ces nouvelles révélations font froid dans le dos

Scandales après scandales, les grands médias et ONG continuent de dénoncer les pratiques dans les prélèvements des eaux en bouteille.

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Pendant longtemps, nous pensions que les eaux en bouteille étaient irréprochables. Les spots publicitaires nous faisaient languir d’une eau extraite au cœur de la nature, la plus respectueuse qui soit pour la santé. Et nous y avons cru. Pourtant, depuis 2024, cette image s’effondre à coups de révélations, rappelle Ouest-France.

Le scandale éclabousse les plus grands noms du secteur. Puis, ce vendredi 18 avril 2025, un nouveau rebondissement retentit. En effet, Radio France révèle des bactéries pathogènes dans des bouteilles Perrier, dans l’usine de Vergèze, selon un document confidentiel de l’ARS d’Occitanie.

Des pratiques illégales dans les traitements de leurs eaux en bouteille

Tout démarre en janvier 2024. Une enquête conjointe de Radio France et Le Monde lève le voile sur des pratiques frauduleuses de longue date. Des marques phares comme Vittel, Hépar, Contrex ou encore St-Yorre auraient utilisé des techniques interdites pour traiter leurs eaux en bouteille. Et cela, pendant de longues années.

Le rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), remis dès 2022, révélait déjà que cette situation concernait plus d’un tiers des marques françaises.

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Nestlé Waters apparaît en tête des accusations. En effet, il aurait eu recours à des filtres au charbon actif ou à des rayons UV pour désinfecter ses eaux minérales. Des traitements qui sont pourtant strictement interdits par la réglementation française.

Contrairement à l’eau du robinet, l’eau minérale naturelle doit être embouteillée telle qu’elle sort de la source, sans altération. Comme ce que ces marques louent dans leurs publicités. Cependant, la réalité est tout autre.

Mediapart accuse le silence des autorités

En juillet 2024, Mediapart enfonce le clou. Selon le média d’investigation, Nestlé aurait recouru à ces procédés depuis au moins 2005, engrangeant plus de trois milliards d’euros. La multinationale aurait écoulé plus de 18 milliards de bouteilles. Comme vous avez pu vous en douter, la qualité est souvent comparable à celle de l’eau du robinet, mais vendue cent fois plus cher.

Pire encore. Le même média révèle des prélèvements illégaux sur neuf forages entre 1999 et 2019, sans autorisation. Un total estimé à plus de 19 milliards de litres de bouteilles d’eau. Un rapport de l’Office français de la biodiversité (OFB) vient également appuyer ces accusations. Deux enquêtes ont été ouvertes par les parquets d’Épinal et de Cusset.

Pendant ce temps, les dirigeants auraient fait pression sur Bercy pour faire assouplir la réglementation. Une enquête de Radio France et Le Monde, en février 2025, évoque même des échanges internes compromettants entre Matignon, l’Élysée et Nestlé. Le président Macron a nié toute « entente » avec le géant suisse, rapporte Ouest-France.

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Interpellé lors de son passage en région parisienne, le chef d’État rétorque : « Je ne suis pas au courant de ces choses-là ».

La marque d’eaux en bouteille sanctionnée, mais…

En septembre 2024, la justice valide une convention judiciaire d’intérêt public entre Nestlé et le parquet d’Épinal. Ainsi, le groupe se voit sanctionné de deux millions d’euros d’amende. 1,1 million d’euros pour un plan de restauration écologique et 516 800 euros versés à des ONG environnementales.

Foodwatch, elle, dénonce cette décision. La raison ? L’ONG accuse les autorités d’avoir glissé cette fraude sous le tapis, à en croire les informations de Ouest-France. Pour sa directrice de l’information, Ingrid Kragl, c’est un « climat d’impunité » qui règne.

Puis les révélations s’enchaînent. Un rapport interne, évoqué par Mediapart en octobre 2024, signale aussi un « risque élevé » d’arsenic dans des bouteilles Vittel. Une contamination potentiellement cancérigène, si les seuils réglementaires sont dépassés dans ces eaux en bouteille.

Vers la fin de cette marque d’eaux en bouteille ?

Le coup de grâce pourrait venir du Gard. Après la détection de bactéries pathogènes dans une usine Perrier, l’Agence régionale de santé d’Occitanie recommande l’arrêt total de la production à Vergèze. En effet, elle a bloqué des centaines de milliers de bouteilles d’eau.

La préfecture doit décider sous peu du sort de la source, avec un avis défavorable déjà rendu par les hydrogéologues. L’exploitation pourrait donc tout simplement s’arrêter. Cependant, un scénario inquiète les élus locaux. La fermeture aurait aussi ses revers. Il faut savoir que le site emploie près de 1 000 personnes. Elles risquent toutes leur emploie.

Le Sénat, de son côté, a lancé une commission d’enquête dès novembre 2024. Elle rendra son rapport le 19 mai prochain, après plus de cent auditions. L’affaire est loin d’être close…

Sources : Ouest-France, Le Monde, Radio France, Mediapart

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