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Le mois dernier, sur Nuit France, nous vous partagions les difficultés d’une célèbre enseigne de chaussures. Quelques semaines après l’écriture de cet article, nous avons enfin la réponse. Malheureusement, c’est une décision douloureuse que nous vous annonçons.
En effet, le tribunal de commerce de Romans-sur-Isère a prononcé la liquidation judiciaire définitive de Clergerie, le 8 avril dernier. De ce fait, c’est la fin pour cette enseigne emblématique qui existe depuis 1981. Avec une cinquantaine de licenciements, cette liquidation nous rappelle que la crise n’est pas encore derrière nous. Elle fragilise effectivement petites et grosses entreprises.
Une enseigne au sommet, avant la douloureuse chute
En 1981, Robert Clergerie crée son enseigne Clergerie. Rapidement, elle s’impose comme un modèle de savoir-faire artisanal à la française. La marque s’exporte et plusieurs chaussures habillent les pieds de stars comme Madonna et Lauren Bacall.
Avant d’en arriver à cette procédure de liquidation, l’enseigne pouvait vendre jusqu’à 11 000 chaussures par an. Malheureusement, cet âge d’or est derrière l’enseigne. Elle enchaîne effectivement les difficultés financières depuis des années.
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En 2023, déjà, elle était placée en redressement judiciaire. Un groupe californien, le Titan Footwear, décida alors d’intervenir pour sauver l’entreprise. Mais cette reprise a enchaîné son lot de mauvaises nouvelles : 75 licenciements et la fermeture de l’atelier principal.
Le but était alors de relancer l’enseigne en faisant des économies. Des ajustements indispensables. Mais ces derniers sont toujours insuffisants, la preuve avec cette nouvelle décision du tribunal.
Les impacts humains et économiques
Cette liquidation judiciaire met un terme définitif à l’activité de l’enseigne. En outre, elle entraîne une cinquantaine de licenciements. La majorité des postes supprimés concernent l’usine historique qui se trouve à Romans-sur-Isère, berceau de la production artisanale française dans le secteur de la chaussure.
Cette décision, certains salariés ont du mal à l’avaler. Valérie Treffé-Chavant, déléguée CFE-CGC, travaille pour l’enseigne depuis 34 ans. « C’est du gâchis, et un ressenti de non-respect des salariés et de monsieur Clergerie ». Les employés voient en cette fermeture une profonde injustice. Jusqu’au bout, ils espéraient une reprise viable.
Malgré une dernière tentative menée par Joseph Lévy, actionnaire minoritaire, pour délocaliser la production et sauver l’entreprise, le tribunal a rejeté l’offre. Les syndicats avaient peu d’espoir quant à un redressement durable face aux pertes financières.
Le secteur de la mode face à la crise
Clergerie n’est pas la seule enseigne qui doit affronter les vents violents de la crise économique. C’est tout le secteur du prêt-à-porter et des accessoires qui affrontent cette tempête. Or, nos lecteurs le savent, même les marques les plus populaires n’échappent pas aux tragiques conséquences.
Plusieurs raisons viennent expliquer ces grandes difficultés. Les enseignes doivent lutter contre l’inflation qui fait gonfler le prix des frais fixes. En parallèle, elle prive les Français de leur pouvoir d’achat. Ils se tournent alors massivement vers la vente en ligne, au détriment des enseignes physiques.
Clergerie est un nouvel exemple des conséquences de la crise financière. Mais l’enseigne restera dans les mémoires. Elle a réussi à imposer sa vision et son audience pendant plus de 40 ans. Toutes les marques ne peuvent pas se vanter de se retrouver aux pieds des plus grandes stars hollywoodiennes.