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Le gouvernement cherche à faire des économies. Alors que la dette continue d’augmenter, l’État veut limiter les dépenses tout en augmentant les recettes. Il y a quelques mois, Michel Barnier souhaitait geler la revalorisation des pensions des retraités. Une mesure avortée grâce à la censure. Pour autant, les retraités sont une nouvelle fois la cible d’un changement de taille.
En effet, ils bénéficient depuis 1978 d’un abattement fiscal de 10 % sur leurs pensions. À l’origine, cet abattement voit le jour pour compenser les frais professionnels. Cette mesure est évidemment intéressante et permet d’alléger la fiscalité des seniors. Mais est-elle sur le point de disparaître ? Pourquoi le gouvernement envisagerait-il cette réforme ?
Pourquoi envisager la suppression de cet abattement ?
Selon Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), cet avantage fiscal n’a plus lieu d’être puisque les retraités ne supportent plus de frais professionnels. Il estime que sa suppression permettrait de dégager jusqu’à 5 milliards d’euros par an pour les finances publiques.
Il n’est pas le seul à défendre cette réforme. En effet, Patrick Martin, président du Medef, partage cette position. Il qualifie effectivement cet abattement de « contre-nature » (Le Figaro).
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L’objectif serait de cibler principalement les retraités aisés, tandis que les retraités modestes, souvent exonérés d’impôt ou faiblement imposés, seraient épargnés. D’après une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les 20 % des retraités aux revenus les plus élevés pourraient voir leur facture fiscale augmenter de 700 à 800 euros par an.
Une nouvelle réforme qui vise les retraités
Vous vous en doutez, si cette éventuelle réforme réussit à en convaincre certains, elle rencontre aussi une vive opposition. La CGT, par exemple, s’y oppose avec fermeté. Elle estime qu’il s’agit d’une mesure injuste et refuse de voir le gouvernement toucher aux pensions.
La Confédération française démocratique du travail (CFDT) opte pour une approche plus nuancée. Les retraités doivent participer, certes, mais également les actifs et les entreprises. « Aujourd’hui, la protection sociale repose trop sur le travail. Une remise à plat serait bienvenue. Nous fêtons cette année les 80 ans de la Sécurité sociale. Si on veut l’honorer, il faut accepter de la transformer » (Revolutionpermanente.fr).
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, met en garde contre le risque d’un conflit intergénérationnel si cette réforme venait à creuser davantage le fossé entre jeunes actifs et retraités. Elle insiste sur la nécessité de préserver la cohésion sociale.
L’État et le budget de toutes les polémiques
La suppression de cet abattement s’inscrit dans une stratégie plus large. L’État doit faire des économies pour réduire le déficit public. Pour équilibrer ses finances, il doit trouver 15 milliards d’euros d’ici 10 ans (la Cour des comptes).
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Toutefois, cette mesure reste au stade de discussion. Elle pourrait être abordée lors du prochain conclave sur les retraites entre le gouvernement et les partenaires sociaux, dans le cadre des ajustements nécessaires à la réforme de 2023.
Les élus restent prudents face à cette proposition. Les retraités représentent une part importante de l’électorat en France, ce qui rend toute modification fiscale délicate sur le plan politique. Le gouvernement devra trouver un équilibre entre réduction du déficit et préservation du pouvoir d’achat des ménages seniors.