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De l’arsenic dans de l’eau en bouteille ? Cela semble totalement absurde à première vue. Et pourtant, c’est bien ce que nous annoncent nos confrères de Mediapart. Nous connaissons leur sérieux et leur travail d’investigation. Alors, cette alarmante étude peut logiquement nous inquiéter.
Mais comment de l’arsenic a-t-il bien pu se retrouver dans de l’eau en bouteille ? Quels sont les risques pour la santé des consommateurs ? Alors que ces derniers pensent prendre soin de leur santé en optant justement pour les bouteilles, la réalité serait donc bien différente. Sur Nuit France, nous vous partageons les informations de nos confrères (cf. la source en fin d’article).
Eau en bouteille : un document alarmant
Un document confidentiel interne à Nestlé, publié par Mediapart, révèle de graves défaillances en matière de qualité de l’eau et de pollution environnementale dans ses usines. Ce rapport, qui date de juin 2022, met en évidence des pratiques préoccupantes, notamment des concentrations d’arsenic supérieures aux seuils réglementaires dans l’eau en bouteille de la marque Vittel.
Face à la polémique, l’entreprise dément. Pour autant, les informations soulignent des risques sanitaires significatifs. En effet, ce rapport (qui a pour auteurs les ingénieurs de Nestlé) recense 20 irrégularités, des traitements illégaux de désinfection à des dépassements des seuils d’arsenic réglementaires.
Ces concentrations atteindraient jusqu’à 12-13 µg/l dans l’eau en bouteille, au-dessus de la limite légale de 10 µg/l. Pourtant, Nestlé utilise des systèmes de filtration au manganèse pour éliminer l’arsenic. Comment expliquer, alors, cette concentration ? Rien de plus simple. En effet, l’entreprise traite 60 % de l’eau. Pour le reste, l’eau en bouteille s’y retrouve à l’état brut.
Des dangers pour la santé
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une exposition prolongée à l’arsenic dans l’eau en bouteille peut entraîner des maladies graves, comme des cancers ou des troubles cardiovasculaires. Les ingénieurs de Nestlé soulignent aussi une sous-estimation des concentrations d’arsenic dans l’eau brute, qui peuvent dépasser de 40 % les prévisions initiales (jusqu’à atteindre 30 µg/l).
Entre mars et mai 2022, des inspections des autorités sanitaires dans les usines des Vosges révélaient des pratiques frauduleuses. En effet, elles découvraient des faux murs et des équipements dissimulant des traitements illégaux.
Malgré cela, Nestlé assure que les dépassements des seuils d’arsenic relèvent d’un « scénario hypothétique ». L’entreprise refuse toutefois de partager les résultats de ses analyses quotidiennes. De quoi douter d’autant plus de la fiabilité des informations qu’elle partage.
De son côté, l’Agence régionale de santé (ARS), informée tardivement, a initié des investigations complémentaires. Cependant, les prélèvements annuels réalisés par l’ARS restent limités. Pour les citoyens, le doute et la crainte prédominent. Ils ont peur de prendre des risques en achetant leur eau en bouteille.
Agir vite pour protéger les Français
Nestlé fait face à des sanctions financières et des actions judiciaires. « Le 10 septembre, après avoir conclu une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) avec le parquet d’Épinal, Nestlé Waters doit payer 2 millions d’euros« , nous signale Mediapart.
En outre, des associations de consommateurs, comme Foodwatch, continuent de porter plainte pour obtenir des éclaircissements. Il faut dire qu’il reste encore des zones de flou. Et pour savoir exactement ce que contient l’eau en bouteille de l’entreprise, il faut des réponses.
Quoi qu’il en soit, ce rapport interne de Nestlé met en lumière des défaillances graves en matière de transparence et de sécurité alimentaire. Ce ne sont pas les prises de parole de l’entreprise qui rassurent les Français.
Source : Mediapart