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L’année prochaine, le prix des bouteilles d’eau augmentera, du fait de la hausse de la TVA. Le gouvernement opte pour une telle augmentation afin d’encourager les Français à boire l’eau du robinet. C’est une pratique plus écologique et en apparence meilleure pour la santé.
En effet, il existe énormément d’études au sujet des dangers des microplastiques présents dans les bouteilles d’eau. Dès lors, consommer l’eau du robinet s’impose comme une solution de choix. Mais une nouvelle problématique vient d’émerger. Dans certaines régions françaises, la qualité de l’eau potable inquiète. Les experts de Mediapart nous alarment.
Eau du robinet : une enquête aux résultats inquiétants
Une enquête de Médiapart et de la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (Criirad) révèle que près de 10 millions de Français consomment une eau contenant du tritium, un isotope radioactif provenant des centrales nu cléaires.
Le tritium est une forme radioactive de l’hydrogène générée par les réacteurs des centrales. Lors des rejets d’eaux usées par ces installations, cet élément se retrouve dans les cours d’eau qui alimentent de nombreuses communes françaises.
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Ces contaminations concernent principalement les villes situées en aval des centrales, comme Châtellerault et Naintré dans la Vienne, où des pics de concentration atteignant 65 becquerels par litre (Bq/l) ont été enregistrés en 2017. Ce niveau dépasse largement le seuil « naturel » de 2 Bq/l. Sans le savoir, les Français boivent de l’eau du robinet dangereuse pour la santé.
Au total, environ 16,3 millions de personnes, soit un quart de la population française, résident dans des zones où la présence de tritium dans l’eau du robinet a déjà dépassé les valeurs de référence.
La colère des scientifiques
EDF se défend. Après tout, l’opérateur principal des centrales respecte les normes actuelles concernant les rejets de tritium. Des contrôles de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en attestent. Mais la Criiad dénonce ces seuils comme insuffisants. En effet, ils ne tiennent pas compte de l’accumulation progressive du tritium dans l’organisme.
Selon Bruno Chareyron, conseiller scientifique de la Criirad, le tritium, une fois ingéré via l’eau du robinet, se diffuse dans tout le corps. Bien que ses rayonnements bêta soient de faible intensité, leur impact à long terme, notamment lorsqu’ils proviennent de l’intérieur du corps, reste difficile à évaluer.
Pour autant, les autorités estiment que la présence de tritium dans l’eau du robinet est à la fois légale et sans risque. EDF, ainsi que l’ASN, maintiennent que leurs rejets respectent des normes strictes et que les impacts environnementaux sont maîtrisés. Toutefois, pour les experts et les militants, ces garanties ne suffisent pas à dissiper les craintes. C’est pour cela que les journalistes de Mediapart agissent.
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Une cartographie de la contamination
Médiapart propose une carte qui s’appuie sur les données des agences régionales de santé (ARS) pour illustrer l’ampleur de la pollution au tritium. Les cours d’eau (la Seine, la Loire, la Garonne, la Vienne et le Rhône), qui coulent en aval des 18 centrales nucléaires françaises, sont particulièrement touchés. Ces cours d’eau alimentent directement les réseaux d’eau potable de nombreuses communes.
Des exemples concrets illustrent cette problématique concernant l’eau du robinet. Par exemple, à Nantes en 2023, les habitants consommaient une eau contenant entre 8 et 14 Bq/l de tritium. Ces résultats, les experts les obtiennent à partir d’analyses d’urine. La preuve, dès lors, cela signifie que le tritium se retrouve bien dans l’organisme.
Aujourd’hui, l’eau, ressource essentielle à la vie, devient donc un vecteur d’une pollution invisible. Il est donc urgent d’agir.
Source : Mediapart