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Les pensions de réversion sont un pilier du système de retraite français. Mais leur fonctionnement complexe laisse beaucoup de bénéficiaires potentiels sur le carreau. Avec une réforme en vue pour 2025, ce dispositif pourrait être profondément remanié. Si certaines mesures visent à simplifier les règles et à étendre l’accès, d’autres risquent de faire des perdants. Décryptage des enjeux.
La complexité des pensions de réversion
La pension de réversion est un dispositif qui permet à un conjoint survivant de toucher une partie de la retraite de son époux ou épouse décédé. Ce dispositif concerne 4,4 millions de retraités en France, mais son accès varie énormément selon les régimes de retraite.
Prenons le régime général : pour y prétendre, le conjoint survivant doit avoir au moins 55 ans et ne pas dépasser un plafond de ressources annuelles de 24 232 euros. En revanche, dans la fonction publique, l’accès n’est pas conditionné par les revenus. Mais une durée minimale de mariage de deux ans est exigée.
Les règles diffèrent encore pour les régimes complémentaires, comme l’Agirc-Arrco ou celui des avocats. En effet, les conditions peuvent inclure des années de mariage supplémentaires.
Ajoutez à cela, il existe des disparités dans les montants. Dans le régime général, la pension équivaut à 54 % de la retraite de base du défunt. Du côté des retraites complémentaires, elle atteint par contre 60 %. Résultat ? Beaucoup de bénéficiaires potentiels renoncent à leurs droits face à cette jungle administrative.
Une réforme des pensions de réversion
En 2025, le système pourrait évoluer. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) propose une harmonisation des règles pour faciliter l’accès à la pension de réversion. Parmi les idées sur la table, il y a la suppression des conditions de ressources ou de remariage. Cela inclut également l’instauration d’un âge minimum uniforme, à 55 ans ou moins, quel que soit le régime.
Autre proposition majeure : revoir les taux et les modes de calcul. Actuellement, ils varient entre 50 % et 60 % selon les caisses. Le COR suggère un alignement, mais aussi une refonte du calcul.
Le nouveau système envisagé se baserait sur une répartition des revenus entre le conjoint survivant et la pension du défunt. Par exemple, la pension de réversion pourrait correspondre à la différence entre deux tiers de la retraite du défunt et un tiers de celle du survivant.
Qui seront les gagnants et les perdants ?
Cette réforme divise déjà. Les partisans saluent l’objectif d’équité et de simplification, qui pourrait réduire le taux de non-recours estimé entre 7,9 % et 9,5 %. Les règles actuelles sont si complexes qu’elles découragent des milliers de veufs et de veuves de réclamer leurs droits.
Cependant, l’impact sur les montants versés suscite des craintes. Le Journal du Net a dévoilé quelques exemples pour illustrer les effets du nouveau mode de calcul.
Prenons le cas d’un conjoint décédé avec une retraite de 2 500 euros, dont le survivant touche seulement 900 euros. La pension de réversion passerait de 1 250 euros (actuel) à 1 367 euros avec le nouveau système, un léger gain. Mais si le conjoint survivant touchait 1 500 euros, le montant chuterait à 1 167 euros contre 1 250 euros aujourd’hui.
Pour un survivant recevant déjà 3 000 euros, la pension dégringolerait à 667 euros, bien loin des 1 250 euros actuels.
Ces chiffres montrent donc que le nouveau calcul serait favorable aux foyers modestes. En revanche, il pénaliserait fortement les conjoints avec des revenus proches ou supérieurs à ceux du défunt.