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Il y a quelques semaines, la volonté de Michel Barnier de bloquer la revalorisation des pensions de retraite ulcérait la population, mais aussi les députés de l’Assemblée nationale. Son désir de repousser cette revalorisation au mois de juillet 2025 était loin de faire l’unanimité.
Au cours des débats à l’Assemblée nationale, le Premier ministre indique alors s’ouvrir à d’autres initiatives. Il demande cependant aux parlementaires de trouver des pistes permettant de réaliser de grosses économies. Car, et c’était surtout son intérêt, un report de la revalorisation permettrait d’économiser 4 milliards d’euros. Après des semaines de débats, la revalorisation verra finalement le jour en janvier. Mais pas comme nous l’attendions.
Une revalorisation décevante pour les retraites ?
À force de promettre le pire, le gouvernement s’attend à une réaction positive de la part des Français quand il finit par annoncer le moins. En effet, les pensions évolueront finalement en janvier. Cependant, elles ne suivront pas le cours de l’inflation, comme il est d’usage. Non, la hausse sera deux fois moins importante.
Alors que l’inflation est à 1,8 %, les pensions de retraite augmenteront le 1ᵉʳ janvier de 0,9 %. Forcément, le manque à gagner pour les seniors est saisissant. Par exemple, si vous touchez une pension de 1 500 euros, vous allez toucher 13,5 euros en plus par mois. Avec une hausse logique (conforme au Code de la sécurité sociale), vous devriez gagner 27 euros.
Forcément, la colère se fait entendre. Mais le gouvernement veut alors rassurer les Français les plus modestes. Car ce sont eux qu’il faut impérativement protéger.
Une double revalorisation en 2025 ?
Les retraités modestes – ceux dont les pensions totales (base et complémentaire) sont inférieures au Smic net de 1 426,30 euros – bénéficieront d’une deuxième revalorisation au 1ᵉʳ juillet 2024. Ce réajustement inclura une compensation pour la perte de pouvoir d’achat subie au cours du premier semestre.
Alors, comme l’indique le ministère du Budget, la seconde revalorisation sera égale à la première. Ainsi, les retraités éligibles verront la pension augmenter à nouveau de 0,9 %. En complément, ils recevront une somme correspondant au « manque à gagner » des six premiers mois.
Pour illustrer cette situation, nos confrères d’Actu.fr donnent l’exemple suivant. Un retraité avec une pension de 1 200 euros obtiendra une augmentation mensuelle supplémentaire de 10,8 euros à partir de juillet et environ 65 euros en compensation rétroactive pour le premier semestre.
Les retraités modestes représentent environ 44 % des bénéficiaires de pensions, selon les données gouvernementales.
Un impact sur le budget des Français et sur les dépenses de l’État
Cette mesure permettrait au gouvernement de réaliser des économies d’environ 3 milliards d’euros en 2025. Le tout, sans sacrifier les retraités les plus précaires. L’économiste Michael Zemmour, de Sciences Po, souligne que ce compromis protège les petites pensions, mais laisse les autres retraités avec une base plus faible pour la revalorisation de janvier 2026.
En outre, un défi majeur concerne la gestion de l’effet de seuil, c’est-à-dire la définition d’une zone intermédiaire entre les petites pensions bénéficiant de la double revalorisation et les autres.
Bruno Chrétien, président de l’Institut de la protection sociale, estime que si la nouvelle mesure vise à protéger les retraités modestes, elle est plus complexe à appliquer. Il note que la solution initiale du décalage de six mois, bien que plus dure, offrait une simplicité opérationnelle.