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Les aides sociales, conçues pour soutenir les plus vulnérables, se trouvent parfois exploitées de manière abusive par des fraudeurs. Ces fraudes, bien que minoritaires, nuisent à la solidarité nationale, attisent les débats et détournent des fonds précieux.
À la lumière de récents cas emblématiques, dont celui d’un couple au train de vie luxueux, le sujet de la fraude sociale s’invite une fois de plus dans les discussions publiques.
Un fléau pour le système des aides sociales
En France, les aides sociales représentent un pilier essentiel de la solidarité. Allocation familiale, assurance maladie, RSA… Ces dispositifs viennent en aide à des millions de personnes, mais ils ne sont pas à l’abri des abus. Bien que la fraude sociale coûte moins cher à l’État que la fraude fiscale, elle reste un problème important.
En 2023, par exemple, la fraude sociale s’élève à environ un milliard d’euros en France, contre 15,2 milliards pour la fraude fiscale. Mais le simple fait que des individus détournent ces prestations pour lesquelles ils ne sont pas éligibles suffit à ébranler la confiance du public.
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Les abus dans les aides sociales prennent diverses formes : déclarations de faux revenus, domiciles fictifs ou fausses situations familiales. Ce type de fraude est difficile à détecter, car elle repose souvent sur des dissimulations subtiles.
Selon le Haut conseil du financement de la protection sociale, la fraude sociale agit comme une « corruption lente et insidieuse du corps social de la nation ». Pour remédier à cette situation, plusieurs voix, dont celle de Michel Barnier, se lèvent pour renforcer les contrôles.
Un couple millionnaire bénéficiaire d’aides sociales
En matière de fraude, certains cas détonnent par leur ampleur. L’affaire d’un couple suisse, récemment jugée, illustre bien l’audace de certains fraudeurs. Originaires de Berne, ces deux individus ont réussi à tromper les autorités pendant plus de 14 ans.
En se déclarant en grande difficulté financière, ils ont touché des aides sociales. Pourtant, ils possédaient une fortune estimée à 17 millions d’euros.
Entre 2009 et 2023, ils ont dissimulé leurs revenus, tout en vivant un quotidien de grand luxe. Lors d’une perquisition à leur domicile, la police suisse a mis la main sur des signes évidents de richesse. Voitures haut de gamme, sacs à main de grandes marques, manteaux en fourrure, bouteilles de grand cru…
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Outre ces objets de luxe, les autorités ont découvert plusieurs comptes bancaires bien garnis, contredisant leur statut officiel de « bénéficiaires modestes ».
Le verdict tombe pour ce couple
C’est en Suisse que l’affaire a pris une tournure judiciaire. Une enquête minutieuse de la police judiciaire de Berne, relayée par le journal Blick, a mis à jour leurs pratiques frauduleuses. Le couple a rempli de fausses déclarations pendant des années pour toucher les aides sociales. Ils ont accumulé, au fil du temps, des millions d’euros en prestations sociales non méritées.
Après plusieurs années de procédure, le Tribunal pénal économique du canton de Berne a finalement rendu son verdict. L’homme de 76 ans a écopé quatre ans et neuf mois de prison et doit payer de lourdes amendes. Sa femme, plus jeune de quatre ans, a reçu une peine de 18 mois avec sursis pour complicité.
Bien que leur avocat ait tenté de minimiser leur culpabilité, en arguant que son client avait « agi de manière passive », les preuves rassemblées étaient irréfutables.