Montrer le sommaire Cacher le sommaire
Dès que le sujet du permis de conduire arrive sur la table, il précède généralement un débat qui déchaîne les passions. Vous savez de quel débat nous parlons, celui concernant la validité à vie de ce document officiel.
Les personnes qui estiment qu’il faut en finir avec cette validité à vie citent souvent les accidents de la route qui impliquent les personnes âgées. En effet, dès qu’un senior provoque un accident, le débat se relance. Alors, certaines voix, notamment parmi les responsables politiques, plaident pour des réformes importantes. Elles ont l’espoir de rendre les routes plus sûres. Mais est-ce vraiment la meilleure solution ?
L’Europe et l’objectif de zéro accident
Pour améliorer la sécurité routière, l’Union européenne déploie plusieurs mesures, comme l’installation de radars, la réduction des limitations de vitesse, et l’intensification des contrôles et suspensions de permis de conduire. Ces efforts permettent de réduire considérablement le nombre de morts sur les routes européennes. En effet, il y en avait 51 400 en 2001. En 2021, ce chiffre tombait à 19 800.
L’objectif de Bruxelles est ambitieux : atteindre zéro décès sur les routes d’ici 2050. Dans cette optique, certains députés européens estiment que la fin de la validité à vie du permis de conduire pourrait être une étape nécessaire.
À voir Permis de conduire : tous les changements à prévoir avant la fin de l’année
Actuellement, une fois le permis obtenu, un conducteur le conserve à vie, à condition, cependant, de respecter le Code de la route. Cela signifie alors que les conducteurs seniors ne sont pas tenus de repasser d’examen pour prouver leur aptitude à conduire.
Un changement pour le permis de conduire ?
Pour Karima Delli, eurodéputée EELV, cette situation devrait évoluer. Ainsi, elle propose une visite médicale obligatoire tous les 15 ans pour les conducteurs. Cette visite aurait pour objectif de vérifier leur aptitude physique. La mesure, soutenue par Bruno Millienne, député français, pourrait entraîner une suspension du permis de conduire pour ceux qui échoueraient à cet examen. Ils pourraient cependant le repasser par la suite pour récupérer le document officiel.
Cette proposition n’existe pas sans susciter de vifs débats. L’association 40 millions d’automobilistes s’y oppose fermement, estimant qu’un conducteur ne devrait pas perdre son permis de conduire s’il ne commet aucune infraction. Pour eux, cette mesure est injuste et discriminatoire.
Stigmatisation et hypocrisie
Patrick Mirouse, président de l’École de Conduite Française (ECF), met en garde contre une stigmatisation des conducteurs âgés. Il s’oppose à l’idée d’imposer des tests médicaux systématiques à partir d’un certain âge, comme 65 ou 70 ans. À ses yeux, ce sont les médecins, et non des mesures généralisées, qui devraient juger au cas par cas de l’aptitude d’un conducteur à prendre le volant.
D’autres soulignent une certaine contradiction dans les politiques actuelles. Les jeunes conducteurs, qui sont statistiquement responsables de la majorité des accidents, ne font pas l’objet des mêmes restrictions. En outre, la France vient d’abaisser l’âge minimum pour passer le permis de conduire.
Se tourner vers un groupe qui n’est pas responsable de la majorité des accidents relève une certaine hypocrisie. La question reste ouverte et les débats se poursuivent. Mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, en France, le permis de conduire est toujours valable à vie. Et rien n’indique, pour le moment, une quelconque évolution.
