La nuit projetéeLes dimensions psychologique, sociale, culturelle de la nuit sont extrêmement riches. La nuit, moment de contemplation (de plus en plus rare) du ciel étoilé et moment des rêves, sollicite directement notre imaginaire. Éclairer la nuit c'est alors quelque part se couper de notre inconscient. Comprendre ce qu'est la nuit permet en effet de déchiffrer les mécanismes sous-jacents au phénomène de pollution lumineuse. Les humains de tous les continents, même si c’est à des degrés divers, émettent de la lumière artificielle la nuit et la pollution lumineuse est planétaire. D’une manière générale, on peut dire que ce phénomène relève ainsi de la déconnexion globale que les humains entreprennent progressivement vis-à-vis de la nature. Mais il reflète aussi de manière plus précise l’appréhension des concepts qui le sous-tendent, notamment la complémentarité jour/nuit et la cyclicité du temps. Fil d'Ariane : Accueil >> La nuit projetée >> La symbolique de la lumière et de l'obscurité Permalien : http://www.nuitfrance.fr/?page=culture-psycho-societe&partie=lumiere-obscurite
► La symbolique de la lumière et de l'obscurité« Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité... Il est impossible d'apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres », Jean-Paul Sartre De la dualité...Dans notre société occidentale, notre vision des choses, relativement manichéenne, nous fait considérer le jour et la nuit comme deux moment totalement déconnectés l’un de l’autre, opposés. La lumière, qui éclaire le jour, est alors vue comme un vecteur d’intelligence et de progrès alors que l’obscurité de la nuit est vécue, elle, comme une source de peur et de danger. La symbolique de la nuit dans notre culture renvoie en effet à la peur ancestrale du noir, à l’angoisse du vide et du silence et quelque part au côté obscur des choses dans tous les sens du terme (ténèbres, chaos, enfer, ...). A l’inverse, la symbolique de la lumière renvoie à du positif dans notre « logiciel de pensée ». On retrouve ainsi maintes expressions dans notre langage telles que « mettre quelque chose en lumière » (pour le mettre en valeur) ou par la négative « ne pas être une lumière » (pour dire de quelqu’un qu’il n’est pas très intelligent). C’est dans notre pays que le siècle de la raison et du progrès intellectuel est appelé « Siècle des Lumières » et c’est notre capitale que l’on qualifie de « Ville Lumière », rayonnant grâce à ses éclairages artificiels. Dans le bilan 2007-2012 de son Plan Climat, la Mairie de Paris écrit que « Les premiers résultats sur le secteur de l’éclairage public sont encourageants » mais que « La difficulté réside dans l’équilibre entre la réduction de l’empreinte carbone de l’activité et le maintien d’un niveau d’éclairement à l’image du rayonnement de la capitale. », montrant de façon claire une équation directe entre rayonnement réel et rayonnement symbolique ancrée dans notre inconscient collectif. ...à la complémentarité : voir la nuit à la lumière du jourUne autre lecture est possible. Par exemple, la pensée chinoise, Taoïste notamment, repose sur la reconnaissance de deux principes, le Yin et le Yang. Aucun des deux n’est meilleur que l’autre de sorte que les deux se complètent et que chacun, même, engendre l’autre (symbole du « tàijí tú »). L’analogie du Yin et du Yang se retrouve dans toutes les choses et les êtres : le haut et le bas, le devant et le derrière, le chaud et le froid, le masculin et le féminin. La clef de l’équilibre et de l’harmonie réside alors dans le mariage de ces deux contraires. Il en est exactement de même pour le jour et la nuit. Il n’y a pas de nuit sans jour tout comme il n’y a pas de jour sans nuit. Jour et nuit se complètent et s’engendrent sans que l’un ne soit supérieur à l’autre. Éclairer la nuit c’est la transformer en jour et donc détruire au final, et la nuit et le jour. ![]() Tàijí tú, symbole du Yin et du Yang de la pensée chinoise |
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